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 Le pouvoir "corps" au feminin.

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MessageSujet: Le pouvoir "corps" au feminin.   Le pouvoir "corps" au feminin. EmptyLun 11 Juin - 21:05

LE POUVOIR "CORPS" AU FEMININ. PETITS "COUPS DE GRIFFES" D'INCONSCIENT.

Par Catherine Hurtut, psychanalyste plasticienne (16 mai 2007)

L’auteure a écrit ce texte après le débat télévisé Royal-Sarkozy et avant le second tour de scrutin pour les élections présidentielles françaises.

Pour la première fois en France, une femme se présentait aux élections présidentielles, une femme qui mettait en avant sa féminité. Cette situation a provoqué de nombreuses réactions dans la société et les médias, des sursauts machistes, des réponses féministes. J’ai souhaité vous présenter mon point de vue « sexiste », une posture de femme que je ne crois pas pouvoir dissocier de mon sexe.

Monsieur Sibony (1), à la suite du débat télévisé « Royal-Sarkozy », cherche à démont(r)er les limites d’une « magie » très féminine pour accéder au pouvoir présidentiel. Cela n’est-il pas insultant pour Madame Royal, et pour les femmes en général, de se voir affublées de ce diplôme de « magie », de cette capacité d’irréalité, voire d’occultisme ?
Monsieur Schneider (2) écrit qu’il ne veut pas d’une présidente « maman ». C’est-à-dire une présidente qui inclurait dans sa manière de gouverner le fait d’avoir été mère. Selon lui et d’autres, « la poigne et l’autorité de l’État n’aurait pas de sexe ». Le « Pouvoir » agirait donc comme une essence pure, désincarnée ? Pourtant, il est bien entendu que l’exercice de celui-ci imprime une personnalité, impose une « signature », un pouvoir exercé à la manière de De Gaulle, ou de Mitterrand par exemple. La personnalité ne serait donc pas liée au sexe ? Je crois pour ma part que Madame Royal, contrairement à Madame Thatcher, citée pour la neutralité sexuée de l’exercice de son pouvoir, incarne un pouvoir de mère et de femme.
Madame Royal était-elle correctement « armée » pour pénétrer le cercle du pouvoir politique réglementé et codifié par des hommes depuis des « lustres », un « entre-soi » au masculin dont beaucoup n’ont même plus conscience ?
Lisez les titres des articles relatifs au thème de la politique dans des journaux comme Le Monde, Libération, etc ... : « Sarkozy est attendu sur les fronts extérieurs », « Le duel SARKO - SEGO » (le prénom pour la femme !), « Chirac et ses lieutenants ... », « le PS à l’heure des grandes manœuvres ». J’en passe... et des plus meurtriers.
Dans le même esprit, Monsieur Le Vaillant (3), qui semble confondre femmes et filles, s’offusque de réunions politiques qui pourraient se tenir entre femmes. Il écrit notamment : « Comme si les dîners de filles pouvaient tenir lieu de visions du monde » au sujet de réunions envisagées par Madame Royal avec Mesdames Merkel et Clinton !
Combien de places politiques de pouvoir sont « occupées » dans le monde quasi-exclusivement par des hommes et se déroulent sur des champs de bataille symboliques ? Non, Messieurs, nous n’avons pas votre histoire et votre inconscient. Nous n’étions pas sur ces champs de bataille-là, avec vos armes à la main. Nous étions pour la plupart engagées dans d’autres combats, non moins valorisants, riches également de savoir, de savoirs de femmes et de mères.
Récemment sur un stade de football, j’entendais parler un homme qui vantait « le pouvoir » de Madame Royal. Il disait avec admiration : « Cette femme, elle a des couilles ! ». Une expression souvent entendue... Tant que certains persisteront à nous déguiser avec ces postiches, les femmes ne pourront imposer leur style, leur vision à elles. Celle d’être d’un autre sexe, d’une autre histoire, d’une autre expérience de vie, d’une autre mémoire, d’une autre transmission, d’un autre passé, d’un autre corps, d’un autre langage, d’une autre aventure, d’un autre savoir, ancestral et immense. Des guerrières aussi ! Tant de femmes ont été effacées et le sont aujourd’hui de par le monde. C’est pourquoi je crois qu’il faut « dire la femme », la faire entendre et au plus vite.
Nous sommes tous composés, comme le confirme Monsieur Le Vaillant, de « féminin » et de « masculin ». Entièrement d’accord ! Peu semblent cependant faire la différence entre « femme » et « féminin ». Une femme, c’est du « masculin » et du « féminin » incarné dans un « corps de femme ».
Je crois à l’histoire de notre « corps de femme » comme d’un lieu de culture à part entière. Le corps pris dans tous ses sens : le corps du sensible, de l’instinct, du sexuel, du sacré, du sensoriel, de l’intelligence et de l’intellect, du biologique, de la mémoire, de la communication, du quotidien, de l’action, de la mère et de la femme.
Madame Royal a été critiquée de s’être exprimée avec des « je ressens que ... », toujours inscrits entre guillemets dans les articles des journaux. Un langage qualifié d’imprécis et de peu « clair ». Je crois pour ma part, qu’il est temps d’oser exprimer un langage qui parle aussi de sensations et de ressentis, un langage de corps femme, et de l’imposer comme valable, avec ses limites bien entendu. « L’enfant que nous portons », ou ne portons pas, nous le « sentons », nous ne le gérons pas et n’en attendons pas des résultats.
Il est temps aussi, je crois, de réhabiliter la place du corps, en dérive médicale « et de sécurité sociale ». De revoir et de réentendre notre rapport occidental au corps, perverti dans de nombreuses sphères où l’intelligence se mesure encore avec la « tête contre le corps ». Ce corps trop souvent maltraité, méprisé, sacrifié et abandonné, à la trace judéo-chrétienne encore si profonde. Une nature si peu respectée.
Madame Royal n’était peut-être pas assez « armée » pour faire face à des critiques aussi péjoratives que celles du genre « qui gardera les enfants ? ». Elle n’était peut-être pas prête à recevoir le ton paternaliste et infantilisant de Monsieur Sarkozy lors du débat du 2 mai dernier : « Il ne faudra pas s’énerver, hein, Madame, quand vous serez Présidente ! ». Puis, quand il sous-entend la larme à l’oeil : « Vous n’êtes pas gentille avec moi Madame ! ».
Il faut que vous sachiez que certains hommes feront encore à certaines femmes ces reproches bien connus : femmes hystériques et caractérielles si elles pointent la saine colère, pas assez douces, pas assez « gentilles », pas assez soumises. Dans le même genre, a-t’on entendu dire que Monsieur Sarkozy avait été trop « homme » ce soir-là ? Non, car cela ne se voit pas, on est habitué. Beaucoup tricheront, manipuleront, retourneront les situations, juste pour la « gagne ». Certains nous diaboliseront en vierges virginales dès que nous porterons « chemise blanche », d’autres nous « rabaisseront » et nous regarderont comme des « prostituées » si nous les affolons avec des bas et des talons ... ! D’autres fantasmeront sur la mère « tape-dur », qui fouette sadiquement dès qu’elle pose et s’impose. Nous reconnaîtrons là les projections des fantasmes bien connus de la Vierge, de la mère castratrice et de la putain ...
A force de penser qu’il ne faudrait pas s’abaisser à répondre à ce type d’attaques, on finit par négliger un territoire vite exploité par certains, perdre de sa souplesse et marcher dans les poubelles.
Que les femmes se réveillent et assument en plus de leur intelligence et de leurs diplômes un pouvoir de corps, de séduction et d’érotisme plus original et plus puissant que ces clichés simplistes. Et, surtout, que les femmes au pouvoir ne cherchent pas toutes à ressembler à Madame Thatcher !
Le 6 mai, pendant un court instant, j’ai eu la « vision » d’une femme présidente qui me faisait « face ». Et j’ai pris conscience alors avec saisissement que j’avais l’habitude de placer, inconsciemment, le Président plutôt en face de mon mari, un face à face entre eux deux, dont je me sentais exclue.
Madame Royal a parlé de « création », de la France comme d’un « grand atelier de création ». Sublimes paroles. La création, ça ne s’évalue pas précisément, c’est un mouvement, pas une gestion, c’est une poussée. Ça fait bouger, ça ouvre, ça remet du souffle, de la vie et tout n’est pas quantifiable au commencement. Elle a dit que « quelque chose s’était levé », une nouvelle conscience des femmes peut-être. De nombreux livres ont fleuri récemment sur l’histoire des femmes. Fallait-il donc le préciser, le mot « femme », à cet endroit-là ? Je crois à un pouvoir « femme » différent, pas contre les hommes, mais en relation avec eux, en partenaires. Un pouvoir qui ne s’exprimera pas comme une « discrimination positive », mais de façon naturelle, intégrée, dans un dialogue fécond avec les hommes. Un pouvoir femme autre que celui d’une mère avec ses « petits garçons ».
Nous avons, nous les femmes - celles pour qui ce texte résonne - à chercher à définir, à posséder, à reconnaître la nature de notre pouvoir politique dans la cité. À s’en saisir, à l’imposer, chacune à sa façon. Pour l’inscrire dans notre histoire à toutes et tous. Un pouvoir à trouver avec les hommes, tous et toutes ensemble.

Notes
1. Daniel Sibony, psychanalyste, « Les limites d’une ‘magie’ très féminine », Libération du 8 mai 2007.
2. Michel Schneider, psychanalyste, article d’Alain Ruben dans la revue Lire de mars 2007 « Le dénigrement des sexes » sur le livre de Mr Michel Schneider intitulé « La confusion des sexes ».
3. Luc Le Vaillant, journaliste, « Pour en finir avec Calamity Ségo », dans Libération, 8 mai 2007. « Il faut sortir la perdante, mère-tape-dur pour les déviants et Notre-dame-de-la compréhension pour les tourments entrepreuneuriaux ».

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Catherine Hurtut est psychanalyste plasticienne. Ces deux mots réunis sont au cœur de sa pratique : créer une alliance entre la psychanalyse et son « écoute » de plasticienne. Plasticienne comme plastique (corps), plasticité (mouvement), plasticienne comme art plastique (forme, création). Elle pratique une écoute plus axée « corps, mouvement et création » qui amène au dévoilement de l’inconscient logé dans le corps des mots et dans les « maux » du corps. Pour permettre « les retrouvailles » avec l’instinct du mouvement de vie. Avec ses outils de plasticienne et de psychanalyste, elle tente d’exprimer l’envers du décor entendu en séances, à témoigner sur les « horreurs » faites aux « êtres-corps » et passées sous silence.

Après un diplôme de Docteure en Pharmacie à Nancy et une formation de styliste au Studio Berçot à Paris, elle décide de plonger plus en profondeur dans l’expression libre et créative de l’être humain. Elle s’engage alors dans une psychanalyse et expose en parallèle ses créations de plasticienne sur le thème de la femme avec le groupe des artistes du Nadir en région parisienne. Nourrie également d’une expérience de danse et de yoga, elle se passionne pour l’expression du mouvement de « l’être-corps », sa danse, sa chorégraphie de vie.

En tant que femme, elle cherche à exprimer, à développer « un l’engage corps » spécifique au féminin. A désépingler les mots inconscients, inscrits dans le corps et le langage, qui contribuent à l’effacement de la « femme ». Elle réfléchit également sur la place de « la beauté » comme outil thérapeutique. Elle est en train d’écrire un livre sur le thème de l’inceste.

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MessageSujet: Re: Le pouvoir "corps" au feminin.   Le pouvoir "corps" au feminin. EmptyLun 11 Juin - 21:30

Wow bravo , ce texte est passionnant et plein de sagesse. Merci cellady super
Je diffuse
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