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 Nouvelles questions féministes

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Chaton
Déesse parmi les déesses
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MessageSujet: Nouvelles questions féministes   Nouvelles questions féministes EmptyJeu 16 Nov - 19:33

Nouvelles Questions féministes :

" À contresens de l’égalité "


par Pierrette Bouchard



Nouvelles Questions féministes (2003), revue internationale francophone, consacre son avant-dernier numéro aux " détournements politiques de l’égalité ", ce principe auquel tout le monde réfère sans nécessairement y donner la même signification. Elle propose en éditorial (1) un dossier sur " les manières dont l’égalité est détournée des objectifs féministes " dans des politiques publiques comme la parité, par exemple, et un autre dossier sur " les retournements dont elle fait l’objet " par les antiféministes qui se servent de la revendication d’égalité contre les femmes. Les deux thématiques sont porteuses de réflexions pertinentes pour le Québec dans la conjoncture actuelle.


" L’égalité. Voilà des années qu’elle est mangée à toutes les sauces, asservie à des projets politiques complètement opposés, qui vont du renforcement des systèmes de domination à leur transformation radicale, en passant par leur aménagement. [...] Pêle-mêle, on parle aussi bien d’équité, d’équivalence, d’égalité des chances, des situations, des droits, que d’égalité de traitement et de fait. " (pp.5-6)

La revue s’interroge sur les usages de ce principe dans le champ public pour justifier les décisions et les actions politiques. " Les politiques publiques constituent un bon révélateur des options prises par la société pour réguler les rapports sociaux de sexe notamment. En amont, la mise en oeuvre d’un principe de régulation tel que l’égalité suppose d’examiner les situations sociales que vivent les gens, de statuer sur les raisons légitimes ou à l’inverse injustifiables des inégalités qui les traversent, et de décider des mesures qui pourraient contrer les discriminations produites par les rapports sociaux. Chacune de ces étapes constitue en soi un enjeu politique de taille, un enjeu de perceptions, de définitions et de propositions contraires. " (pp. 5-6)

Les éditrices font état de la dilution de la volonté de transformation sociale au cours du processus de mise en oeuvre des politiques publiques. La raison en est que ces questions " sont toujours considérées comme le problème du groupe discriminé [...]. Dès lors, ce ne sont pas les individus dominants que ciblent les politiques publiques, ce sont avant tout les groupes dominés : on ne s’attaque pas aux riches mais on soutient les pauvres ; on ne questionne pas la nature du processus électoral mais on demande aux femmes de s’aligner sur le parcours masculin qui y conduit ; on ne contraint pas les hommes à faire leur part du travail domestique mais on aide les femmes à s’en accomoder. Ces politiques publiques se limitent ainsi à colmater les brèches par des opérations de rattrapage des inégalités. Mais en l’état des choses, on a besoin de ce bricolage [...]. Cela dit, l’ensemble du processus révèle, de notre point de vue, un détournement du principe d’égalité : si les politiques publiques n’agissent pas sur le rapport social qui produit les inégalités, celui-ci restera un rapport de pouvoir qui produira d’autres inégalités. " (p.7)

Un article (2003) (2) montre comment le principe de la parité inscrit récemment dans les lois françaises " a été détourné de son sens par rapport à l’objectif d’égalité des sexes visé par des mouvements de femmes comme par des organisations européennes et internationales ". La parité a perdu son statut de politique de discimination positive : " Totalement dépolitisée, elle est devenue un principe d’égalité formelle de plus, ces principes qui prônent l’égalité des chances sans même prendre en considération que les ’chances’ qui précèdent l’ascension au pouvoir politique ne sont pas les mêmes pour les femmes et les hommes, sur les plans social et économique. " (p. 7)

De plus, la logique d’action des politiques publiques contribue fortement , selon la revue, à l’émergence d’un phénomène de retournement de l’égalité des sexes. " En effet, à force de proclamer, dans le jeu politique, que toute mesure étatique a une visée égalitariste, qu’elle accorde des droits aux femmes et qu’elle résout ’leurs’ problèmes, l’idée que l’égalité est chose faite est devenue une conviction partagée par beaucoup. Dans ce contexte, les discours s’insurgeant contre les ’privilèges’ des femmes commencent à être entendus de plus en plus largement. L’idée même que la société en aurait trop fait pour elles et qu’il serait temps de s’occuper des hommes discriminés par les politiques mises en place en faveur des femmes fait du chemin. [...] ’Au nom de l’égalité’, il faudrait donc désormais porter notre attention sur les hommes. Derrière ce retournement du principe d’égalité se profile une offensive antiféministe : c’est par la faute des féministes, qui auraient contaminé l’ensemble de la société avec leurs idées et obtenu quantité d’avantages pour les femmes, que les hommes seraient aujourd’hui les laissés-pour-compte. Ce discours est porté depuis des années par des groupes masculinistes (c’est-à-dire qui défendent les intérêts des hommes au détriment de ceux des femmes), appuyé par des politicien-ne-s, des intellectue-le-s et des médias. " (p. Cool

On donne en exemple de ce retournement de l’égalité des sexes les réactions à la première Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff ; Jaspard et al., 2003) (3), notamment celles de Élizabeth Badinter et de Marcela Iacub et Hervé Le Bras (4). Celles-ci et celui-ci accusent ’le’ féminisme d’être ’victimiste’ : " il aurait fabriqué des victimes, les femmes. Concrètement, les féministes, chercheuses et militantes auraient exagéré les effets de la domination masculine sur les femmes, vu le mal là où il n’existe pas (en confondant harcèlement sexuel et séduction, violence et sexualité par exemple), amplifié les chiffres qui serviraient à légitimer les causes féministes, et nié que les hommes peuvent aussi être victimes, de la violence des femmes notamment. " Les éditrices se disent " scandalisées par la tribune médiatique offerte à ce trio et par l’aisance avec laquelle la plupart des médias ont adhéré à leurs propos. " (p. Cool (5)

Les éditrices concluent sur cette note mobilisatrice : " Au vu de ces détournements et retournements du principe d’égalité, l’attention féministe ne doit pas se relâcher. Il s’agit à la fois de déconstruire les logiques masculinistes qui nient aux femmes leur statut de victimes dans des situations où pourtant elles le sont, et de développer un regard critique sur l’ensemble des politiques que l’on dit être mises en place ’pour les femmes’. Mais à partir de quels espaces mener cette critique ? Faut-il investir le champ institutionnel et se battre pour obtenir des lois ’progressistes’ et des droits formels lorsque l’on sait que cela ne se traduira pas forcément par une égalité de fait ? Ne serait-il pas plus intéressant de réserver l’entier de nos énergies militantes aux luttes menées dans des espaces plus informels, des collectifs féministes, gays et lesbiens, antiracistes ou altermondialistes, par exemple ? [...] Quels que soient les espaces dans lesquels les féministes se mobilisent, elles se retrouvent chaque fois en situation de rendre visibles les manifestations de sexisme et les résistances à l’égalité des sexes. [...] Cette lutte est d’autant plus nécessaire dans un contexte où certain-e-s prétendent que le patriarcat n’existe plus, où d’autres le considèrent comme un système de domination secondaire, et où trop peu conçoivent qu’il occupe une place essentielle dans la perpétuation de l’ensemble des inégalités sociales. " (p. 10)


On peut se procurer ce numéro à cette adresse : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
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MessageSujet: Re: Nouvelles questions féministes   Nouvelles questions féministes EmptyJeu 16 Nov - 19:48

Mais pourquoi est-elle si méchante ?

par Vincent Cespedes
philosophe et romancier


Tremblez, mâles d’Occident : les femmes rêvent de vous faire des enfants dans le dos, de vous persécuter à mort et de vous... féminiser ! C’est du moins la théorie paranoïaque du journaliste Eric Zemmour, qui fait le tour des plateaux télé en criant haro sur le beau sexe. Son pamphlet antiféministe, Le Premier sexe (Denoël, 2006), mérite pourtant d’être analysé sérieusement, car derrière ce qui pourrait passer pour un règlement de compte personnel avec bobonne ou maman se dissimule une opinion que la droite la plus intolérante ne se lasse pas d’applaudir.

Le complot féministe

Scoop : l’homme occidental n’est plus aujourd’hui envoûté par la femme tentatrice, mais ramolli par la femme castratrice. Zemmour n’invente rien : il recycle, toujours ; il emprunte. Élisabeth Badinter, dans Fausse route (Odile Jacob, 2003), donnait déjà dans une imposture similaire : « [Les hommes] éprouvent souvent une désagréable impression de confusion identitaire face à des femmes qui hésitent de moins en moins à se comporter comme les hommes de jadis, voire à leur faire la loi. »

Le malaise de notre société ne serait dû ni au stress délétère de la vie en entreprise, ni au conditionnement libéral prônant la concurrence, la réussite personnelle et la consommation, mais aux femmes, supposées perverses et castratrices. Comment s’y prennent-elles pour déviriliser les hommes ? Elles réclameraient une égalité des droits - les garces ! Et les homosexuels seraient leurs meilleurs alliés - les traîtres ! Ce grand complot, Zemmour l’appelle « féminisme », stratagème idéologique d’émasculation systématique des mâles : « En réduisant les potentialités de désir entre femmes et hommes, le féminisme faisait un bon travail pour les homosexuels. »

Femmes et homosexuels sont présentés comme les ennemis intérieurs. Mais intérieurs à quoi ? À la société patriarcale - que l’auteur entend réhabiliter, pour se refaire une virilité, en fantasmant fort sur l’Islam et sur Bush Junior : « Ces deux modèles répondent déjà à la demande d’ordre qui transpire par tous les pores de la société française, minée par trente ans de désordre féminin. »

Le journaliste sait que ses collègues de droite n’y verront que du feu : provocation de potache, diront les plus critiques. Quant aux énervé-e-s de gauche, plus ils/elles dénonceront la misogynie hallucinée de son livre, plus gonflera sa maigre aura d’intello subversif. Mais il s’adresse d’abord à la « France d’en bas », celle qui aime regarder TF1, trouve Nicolas Sarkozy formidable et Jean-Marie Le Pen plein de bon sens. Et « La société française, minée par trente ans de désordre féminin » n’est ni une provocation, ni un appel misogyne, mais un message politique aisément décryptable : la gauche, protectrice et « maternante », doit être battue en brèche par une droite qui ferait bien de s’inspirer du « nouveau modèle américain bushiste, viril et néoconservateur ».

Discréditer la gauche en passant par la Femme

Viril car néoconservateur : telle est bien la thèse du faucon Zemmour. Celui-ci entreprend de « viriliser » la droite et de légitimer la loi du plus fort, ayant troqué sa veste d’observateur politique pour celle de communicant. En ligne de mire : l’État-providence, qui cajolerait trop ; les aides apportées aux défavorisés, qui les infantiliseraient ; le féminisme, qui cancériserait l’organisme social. Le livre est donc un faux nez crypto-électoraliste : un objet de propagande antisocialiste à destination des non-initiés, et déguisé pour cela en pamphlet hystérique contre la prétendue « débandaison » occidentale d’origine socialo-féministe.

La fracture sociale, bien réelle, disparaît derrière une guerre des sexes inventée de toutes pièces ; invention d’autant plus fallacieuse qu’elle victimise les hommes alors que, de fait, les femmes restent aujourd’hui encore les plus touchées par la précarité. L’essai plante le décor de carton-pâte d’une victoire des femmes sur les hommes afin de décomplexer la droite, le clan de l’autorité - forcément phallique, d’après l’auteur, qui amalgame comme allant de soi féminin et faiblesse. Truqué de la sorte, le face-à-face sombre dans la caricature : gauche laxiste, féministe et dramatiquement moderniste versus droite « adulte », gaulliste et courageusement conservatrice. C’est cette vision binaire que l’auteur espère imposer.

Pour y parvenir, notre prestidigitateur s’inspire des divagations psychanalytiques de Michel Schneider, lequel commettait en 2002 trois cents pages sacrément réactionnaires (Big Mother, Odile Jacob). « Une profession qui se féminise est une profession qui se dévalue », affirme doctement le psy en jouant au journaliste. Zemmour, lui, joue au psy de service : « En se féminisant, les hommes se stérilisent, ils s’interdisent toute audace, toute innovation, toute transgression. On explique en général la stagnation intellectuelle et économique de l’Europe par le vieillissement de sa population. [...] On ne songe jamais - ou on n’ose jamais songer - à sa féminisation. Les rares hommes qui veulent conserver la réalité phallique du pouvoir se barricadent efficacement contre la féminisation de leur profession. Ils agissent comme s’ils étaient des îlots de virilité dans un monde féminisé. On les traite de "machos", ils n’en ont cure. » La parité, on l’a compris, n’est appliquée que par des « nunuches », et les vrais mecs ont raison de vouloir rester les patrons.

Son analyse des jeunes des cités vaut par exemple le détour. Avec des pères « dévirilisé(s) par le chômage », ces derniers se révolterait contre un maternage excessif et aurait presque raison de rejeter la « société française féminisée, qui ne supporte pas la violence, l’autorité virile, [et qui] les exhorte à entrer dans son doux giron. De s’intégrer. » Continuant sur sa lancée, le faucon Zemmour s’envole, et plane : « Ils seront, eux, des hommes, dans cette société de "zessegon". Ils vont "niquer la France". La France, cette femme, cette "salope", cette "putain". Eux, les hommes. Ils vont brûler, détruire, immoler les symboles de sa douce protection maternante, les écoles, les transports en commun, les pompiers. Ils vont caillasser les seuls hommes qu’elle leur envoie pour la défendre : les policiers. Ces flics qu’ils "haïssent". Les seuls qui osent les affronter encore dans un combat entre hommes. Un combat où est en jeu la domination virile. Un combat qui ne peut être qu’à mort. » Une mise en scène digne de Gladiator. Une fausse compassion pour faire passer le message obsessionnel : Gauche = Femme = « Pédé ». À la protection sociale, « maternante », s’oppose une répression virile, héroïsée.

Zemmour définit le pouvoir comme « la capacité au moment ultime de tuer l’adversaire » ; et, en fin psy d’opérette, il dénie aux femmes une telle aptitude, car il manque à celles-ci un pénis pour prendre part aux « combats politiques » où « c’est toujours le mâle dominant qui finit par l’emporter, le roi de la forêt, le caïman. Celui qui, à force de férocité, révèle la faiblesse de ses rivaux, leur féminité inconsciente, qui les transforme en maîtresses transies, quêtant ses faveurs. »

Zemmour aspire à un retour au Père, au pouvoir phallique-répressif, à une politique « couillue » qui cantonnerait à nouveau la femme à son rôle ancestral d’objet sexuel et de ménagère. D’où la confusion totale qui ressort de son essai, accrue par leur désir de refaire le monde à partir d’un pitch, d’une idée-force - la Femme (la mère, la gauche, la solidarité) est un danger pour l’Homme.

Gonflé à bloc, il va même jusqu’à se faire son petit « choc des civilisations », excluant au passage les homosexuels de la sphère royale de la « masculinité » avec un argument dont lui seul a le secret : « De part et d’autre des océans s’affrontent deux férocités : totalitarisme féministe contre tyrannie masculine. Des musulmans jusqu’aux chanteurs de reggae, l’influence homosexuelle est clairement désignée comme une menace à éradiquer. »

Ce que l’on pourrait prendre pour un happening misogyne à la Michel Houellebecq se révèle être un programme obscurantiste à forte teneur électoraliste, visant, à travers une diabolisation brouillonne du féminisme et des femmes, à décrédibiliser l’ascension de Ségolène Royal, rivale socialiste de Sarkozy et peut-être future présidente de la République française. Dans la mesure où il confond sciemment virilité et bestialité afin de viriliser le libéralisme sauvage, Zemmour cautionne dangereusement le lepénisme et le machisme dans un pays où la propagande sécuritaire bat son plein, où l’Assemblée continue de manquer de femmes et où, tous les quatre jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint.

Gandhi dans les dents

En vantant un modèle pétainiste de la gestion de la vie de couple, Zemmour surfe sur le machisme ambiant pour fourguer, en contrebande, une ligne éditoriale moralement conservatrice et économiquement libérale. Il définit le pouvoir comme « la capacité au moment ultime de tuer l’adversaire » ; et, en fin psy d’opérette, il dénie aux femmes une telle aptitude, car il manque à celles-ci un pénis pour prendre part aux « combats politiques » où « c’est toujours le mâle dominant qui finit par l’emporter, le roi de la forêt, le caïman. Celui qui, à force de férocité, révèle la faiblesse de ses rivaux, leur féminité inconsciente, qui les transforme en maîtresses transies, quêtant ses faveurs. » Une conception digne d’Arnold Schwarzenegger. Un bréviaire pour beaufs, bidasses et marchands d’armes.

« Quel est le personnage qui incarne pour vous la virilité ? » demandait, excédé, Michel Blanc au zébulon Zemmour. Balbutiements, embarras... Le questionné hésite à répondre « Napoléon », boucher conforme à ses élucubrations de grand-papa. Alors l’acteur l’envoie dans les cordes : « Parce que pour moi, l’homme viril par excellence, c’est Gandhi ! » Direct du gauche. L’autre, complètement sonné, ne s’en remettra pas.

Une version légèrement différente de celle-ci a été publiée dans le Bulletin n°437 - Vendredi 14 avril 2006, de ReSPUBLICA.
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MessageSujet: Re: Nouvelles questions féministes   Nouvelles questions féministes EmptyJeu 16 Nov - 20:46

Je ne réagirais pas à l'article concernant Zemmour...ce type à des reflexions tellement ras des pâquerettes qu'il ne méritent même pas notre interêt.

Par contre, et je sais que je risque de faire bondir certaines personnes...je réagis assez violemment à l'emploi systématique du terme "victime" et je suis dans une certaine mesure en accord avec Badinter sur ce point.

Je considère que l'idée de la femme victime est sans doute l'une des choses justement les plus anti féministes qui soient. C'est d'une certaine façon, et inconsciemment, un renforcement de cette dualité "homme / femme" ancestrale.
Le système de défense masculin se fait dans l'agressivité et la force quand celui de la femme est souvent de se placer en victime.
Il ne s'agit pas de nier la réalité de l'inégalité entre hommes et femmes dans la société mais de pointer du doigt justement un élement de cette inégalité : de génération en génération se transmet l'idée de l'homme fort devant protéger la faible femme. La "faible" femme, n'étant pas cruche, a pu employer par nécessité ce statut pour en faire une force. Ainsi, il est devenu courant pour de nombreuses femmes d'utiliser l'argument de la faiblesse, de la sensibilité, de la fragilité comme moyen de défense.

La personne qui dira simplement la vérité à une autre sera méchante car elle l'a fait pleurer, celle qui se jettera dans une discussion franche sera blessante face à la pauvre colombe fragile, si une faute est commise ce ne sera systématiquement pas "de sa faute" mais parce que ceci ou cela , en tout cas des tas d'élements extérieurs culpabilisants pour les autres mais jamais pour elles mêmes.
Combien de femmes entendent dire "oui mais toi c'est pas pareil, tu peux le faire, tu es forte toi" ( ben oui ,parfois c'est pratique de ne pas l'être...ça permet de se décharger sur les autres...). Ou alors "je suis trop sensible/fragile pour faire face à cela"

Il ne s'agit pas là de dire "toutes les femmes sont ainsi" mais c'est , de ma propre expérience, assez courant de voir ce système là se mettre en place.

Et c'est ainsi parce que la société a célébré l'homme comme protecteur et la femme comme devant être protégé...c'est ainsi parce qu'on continue de véhiculer l'image d'une femme plus fragile, plus sensible, moins armée etc...

L'image même de la victime ramène à cette notion de femme comme devant être protégée...

Si une personne en face de moi essaie de me rabaisser, de me casser, de m'empêcher d'être libre en tant que femme, cette personne là n'est pas mon bourreau...car je ne serais jamais sa victime...
Peut être qu'en tant que femme on me met plus de barrières, je vais me prendre plus de pression sociale sur les épaules, je vais avoir plus de regards lourds ou de remarques assassines...mais qu'est ce que je fais alors ? Je pleure et je dis que c'est "pas juste" ? Non , comme j'ai un cerveau et que je ne suis pas justement une "faible" femme, soit je vais répondre frontalement, soit je trouverais une fenêtre par laquelle passer alors qu'on me fermera toutes les portes. Parce que je suis consciente de ma valeur en tant qu'être humain , et que mon égalité avec tous les autres êtres humains ne saurait être remise en cause, j'agirais face à l'autre comme étant mon égal, mon semblable...nos forces sont différentes, mais les miennes sont bien réelles. Je dirais même, qu'en tant que femme, ayant à traverser plus d'épreuves, j'ai un avantage certain si je prends l'habitude de faire face. Si jamais on tente de me qualifier de castratrice , autant répondre de suite qu'il n'y avait rien à couper pour sortir des gérémiades pareilles...

Pour toutes ces raisons, je sais également à quel point les femmes peuvent aussi être des "bourreaux" lorsqu'elles en ont l'occasion...justement parce qu'elles sont égales à leurs homologues masculins.

Si je me défends, si je trouve les moyens d'empêcher le poids de ces aberrations peser sur mes épaules, si je le refuse, si je dis "non"...même si je pars perdante...je ne suis pas une victime , je suis une adversaire de taille.

Je crois que le terme de "victime" doit être utilisé avec parcimonie. Une femme battue, une femme violée est une victime...mais toutes les femmes ne sont pas battues ou violées...les femmes peuvent faire des choix, les femmes sont des adultes, elles PEUVENT se battre même si elles sont parties avec des handicaps.

Je ne considère pas la femme qui continue à propager des idées sexistes comme une victime sous prétexte qu'elle aurait eu le cerveau lavé, pour moi cette femme là va vers ce qui lui convient le mieux et entend empêcher celles à qui ça ne convient pas de bousculer les barreaux de sa prison volontaire.
Quand je parle ça et là, je suis outrée de voir à quel point les femmes ont elles mêmes peur de se libérer...après tout tant qu'elles sont tranquilles dans leur petite vie, qu'est ce que nous, hystériques féministes, venons les emmerder à vouloir changer les choses ? Ben non , je ne suis pas d'accord pour rentrer dans l'acceptation de l'idée que ces femmes sont des victimes...elles sont tout autant les armes de notre malheur que les hommes qui tiennent à préserver leur "domination".
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MessageSujet: Re: Nouvelles questions féministes   Nouvelles questions féministes EmptyLun 20 Nov - 19:47

Chalut !

Minipoussin a écrit:
Par contre, et je sais que je risque de faire bondir certaines personnes...je réagis assez violemment à l'emploi systématique du terme "victime" et je suis dans une certaine mesure en accord avec Badinter sur ce point.
Cool, on va pouvoir se fâcher, lol Mr. Green

Minipoussin a écrit:
Le système de défense masculin se fait dans l'agressivité et la force quand celui de la femme est souvent de se placer en victime.
Oui, en effet, c'est, selon moi, la différenciation sexiste de nos sociétés dans l'éducation des filles et des garçons qui met cela en place.

Minipoussin a écrit:
Il ne s'agit pas de nier la réalité de l'inégalité entre hommes et femmes dans la société mais de pointer du doigt justement un élement de cette inégalité : de génération en génération se transmet l'idée de l'homme fort devant protéger la faible femme. La "faible" femme, n'étant pas cruche, a pu employer par nécessité ce statut pour en faire une force. Ainsi, il est devenu courant pour de nombreuses femmes d'utiliser l'argument de la faiblesse, de la sensibilité, de la fragilité comme moyen de défense.
Eh oui, c'est ce qu'on appelle être "essentialiste". Badinter fustige les essentialistes, mais elle semble souvent oublier (comme par hasard) qu'il existe en France des courants féministes universalistes qui comprennent notamment des associations comme Mix-Cité (co-fondé par Clémentine Autain), les Panthères Roses, le Collectif Contre le Publisexisme, etc., faisant ainsi des féminismes français un bloc monolithique. Comme elle est très écoutée, elle tente ainsi d'anéantir (volontairement ou non ?) tous les efforts desdites associations en amalgamant TOUS ces courants, et contribue ainsi de ce fait à la dévalorisation du terme "féministe" tant décrié. Combien entendons-nous de femmes dire "Je ne suis pas féministe mais..." comme si le terme "féministe" était un gros mot.

Minipoussin a écrit:
Il ne s'agit pas là de dire "toutes les femmes sont ainsi" mais c'est , de ma propre expérience, assez courant de voir ce système là se mettre en place.
On est bien d'accord : l'éducation filles / garçons ne doit pas être différenciée. Ainsi, ce constat devrait disparaître...

Minipoussin a écrit:
L'image même de la victime ramène à cette notion de femme comme devant être protégée...
Il faut arrêter de considérer que le terme "victime" implique une passivité, une non résistance. Je peux être victime du machisme de notre société (ce que je considère être d'ailleurs), ce n'est pas pour autant que je ne réagis, ni de résiste pas clin d'oeil

Minipoussin a écrit:
Si une personne en face de moi essaie de me rabaisser, de me casser, de m'empêcher d'être libre en tant que femme, cette personne là n'est pas mon bourreau...car je ne serais jamais sa victime...
Idem. Toi et moi n'entendons pas la même chose derrière le mot "victime". Mais peut-être ai-je tort.

Minipoussin a écrit:
Peut être qu'en tant que femme on me met plus de barrières, je vais me prendre plus de pression sociale sur les épaules, je vais avoir plus de regards lourds ou de remarques assassines...mais qu'est ce que je fais alors ? Je pleure et je dis que c'est "pas juste" ?
Oui. Et tu réagis aussi pour ne pas te laisser faire. J'ai été discriminée, j'ai pleuré et j'ai dit : "c'est pas juste". Et j'ai lutté. Je ne vois pas ce qu'il y a de contradictoire.

Minipoussin a écrit:
Pour toutes ces raisons, je sais également à quel point les femmes peuvent aussi être des "bourreaux" lorsqu'elles en ont l'occasion...justement parce qu'elles sont égales à leurs homologues masculins.
Mais parfaitement ! Si la société était dominée par les femmes, elles seraient comme elle l'est aujourd'hui, les rôles étant simplement échangés. La différence entre hommes et femmes n'ets selon moi pas "naturelles", mais "culturelles".

Minipoussin a écrit:
Je crois que le terme de "victime" doit être utilisé avec parcimonie. Une femme battue, une femme violée est une victime...mais toutes les femmes ne sont pas battues ou violées...
A-t-on besoin d'être battue ou violée pour être "victime" ? En ce sens, considères-tu qu'on ne peut pas pas être "victimes" de discrimination ?

Minipoussin a écrit:
Je ne considère pas la femme qui continue à propager des idées sexistes comme une victime sous prétexte qu'elle aurait eu le cerveau lavé, pour moi cette femme là va vers ce qui lui convient le mieux et entend empêcher celles à qui ça ne convient pas de bousculer les barreaux de sa prison volontaire.
Encore une fois, on est d'accord : être "femme" ne veut pas dire être "féministe"...

Minipoussin a écrit:
Quand je parle ça et là, je suis outrée de voir à quel point les femmes ont elles mêmes peur de se libérer...après tout tant qu'elles sont tranquilles dans leur petite vie, qu'est ce que nous, hystériques féministes, venons les emmerder à vouloir changer les choses ? Ben non , je ne suis pas d'accord pour rentrer dans l'acceptation de l'idée que ces femmes sont des victimes...elles sont tout autant les armes de notre malheur que les hommes qui tiennent à préserver leur "domination".
Exactement. Les femmes sont l'un des principaux vecteurs du machisme, car elles sont les premières à transmettre via l'éducation qu'elles prodiguent à leurs progénitures ses "valeurs".

Pour autant, doit-on nier les discriminations dont sont "victimes" les femmes dans notre société ?

Ariane-zibous.
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MessageSujet: Re: Nouvelles questions féministes   Nouvelles questions féministes EmptyLun 20 Nov - 21:42

En fait je pense que c'est sur la définition de victime qu'il y a problème...ce que je crains essentiellement n'est pas l'emploi du mot pour qualifier une situation comme "être victime de discrimination" mais comme un état permanent " nous, les femmes, sommes des victimes"

Ce qui m'effraie c'est l'idée d'une situation de "victime" comme un stade permanent qui finalement décredibilise totalement les arguments employés.
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