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 Femmes-hommes : où est passée la différence des sexes ?

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Misfit Cat
Déesse parmi les déesses
Misfit Cat


Nombre de messages : 13299
Date d'inscription : 23/05/2005

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MessageSujet: Femmes-hommes : où est passée la différence des sexes ?   Femmes-hommes : où est passée la différence des sexes ? EmptySam 17 Nov - 14:44

Femmes-hommes : où est passée la différence des sexes ?
LEMONDE.FR | 12.11.07 | 07h51 • Mis à jour le 15.11.07 | 09h13
L'intégralité du débat avec Jean Birnbaum, journaliste au "Monde", mardi 13 novembre 2007

Karim : Diriez-vous qu'actuellement on assiste plutôt à une féminisation de la posture de l'homme ou au contraire à une certaine masculinisation de la femme ?

Jean Birnbaum : Je ne suis pas là pour trancher ce genre de question, mais en même temps, c'est une question fondamentale qui ne manquera pas de se poser au cours de ce "chat". On assiste en ce moment à de nombreux débats qui traversent toute la société autour d'une possible "confusion des sexes", pour reprendre le titre d'un livre qui a eu beaucoup de succès, paru l'année dernière, de Michel Schneider, qui sera d'ailleurs présent au forum Le Monde-Le Mans.
D'un côté, on trouve des auteurs qui font de la différence des sexes l'un des grands piliers symboliques de notre société, et qui pensent que la confusion des genres entraîne fatalement un désastre social et politique. De l'autre, on trouve au contraire des auteurs qui travaillent dans le sens d'une confusion des sexes volontariste, de façon à disséminer les identités de genre dans une perspective de contestation de l'ordre symbolique et d'émancipation sociale. Tels sont grosso modo les termes du débat, entre ceux qui font de la confusion des genres la cause de tous les maux, depuis la démobilisation politique jusqu'aux émeutes des banlieues, et les autres, qui considèrent au contraire cet effacement de la différence des sexes comme une perspective positive et un combat politique.
Judith : Pourquoi dans l'exercice du pouvoir, les femmes usent-elles principalement de valeurs masculines (force, domination, intransigeance...) plutôt que de valeurs féminines comme l'écoute, l'empathie et la conciliation ? Je pense aujourd'hui à des femmes comme Rachida Dati ou Rama Yade mais aussi à celles du passé, telles Cléopâtre, Catherine II de Russie ou plus récemment, Margaret Thatcher. La femme de pouvoir doit-elle être un homme politique comme les autres ?
Jean Birnbaum : Le plus intéressant dans cette question, c'est sa formulation et ses présupposés, que nous partageons tous et qui en même temps doivent être interrogés. Le forum Le Monde-Le Mans est depuis sa naissance un forum à vocation philosophique qui, donc, doit interroger les fondements de notre discours et les évidences du sens commun. Fatalement, les intervenants et le public devront se demander : "Y a-t-il véritablement des 'valeurs' par définition masculines ?", pour reprendre votre mot, et, peut-on opposer à ces valeurs des principes ou des élans spécifiquement féminins ? Beaucoup d'auteurs aujourd'hui, reprenant le drapeau de Simone de Beauvoir et sa fameuse formule "on ne naît pas femme, on le devient", concluent qu'il est très difficile de définir des valeurs proprement féminines ou masculines, et qu'on a plutôt affaire à des "rôles" sexués que chacune et chacun apprend à jouer au cours de sa vie. Mais la question reste ouverte et je vous invite à venir au forum pour y participer et continuer à y répondre.
Bbb : Et vous, pensez-vous qu'il y ait des valeurs masculines ou féminines?
Jean Birnbaum : On en arrive là à des figures bien connues, comme celle du "garçon manqué", ou encore à ces profils particuliers que les rapports de police du XIXe siècle définissaient comme anormaux ou pathologiques, décrivant tel ou tel homme comme quelqu'un qui, je cite, "n'a que la forme masculine et qui est une véritable femme au moral". Une auteure comme Laure Murat, qui a écrit La Loi du genre : Une histoire culturelle du 3e sexe (Fayard), a étudié toutes les figures de l'inversion, du travestissement, de ceux qu'on appelait au XIXe siècle les "antiphysiques" ou les "tantinettes", et qui venaient bousculer le partage tranquille, non seulement des valeurs, mais aussi des identités prétendument masculines et féminines. Aujourd'hui, tout un courant de pensée à la fois intellectuel et militant approfondit ce sillon pour envisager le drag queen comme un phénomène avant-gardiste, annonciateur de la confusion des genres déjà évoquée, et qui ruinerait en permanence la dichotomie des valeurs et des sexes.
Glen : Bien sûr qu'il y a des rôles qu'on apprend à jouer de façon "sociale", mais ces rôles ne sont-ils pas des interprétations (variables selon les temps et les lieux) d'une différence qui est innée, naturelle et structurante ? Cette interprétation sociale d'une différence naturelle n'est-elle pas un moyen pour comprendre qu'il est possible de faire progresser l'égalité entre les sexes sans dénier la réalité de leur différence ?
Jean Birnbaum : Vous posez là une question absolument cruciale, qui structure largement l'ensemble des débats propres à ce qu'on appelle depuis une quinzaine d'années les politiques sexuelles, autour d'enjeux comme ceux de la parité en politique, du PACS, du harcèlement sexuel ou des mères porteuses. A chaque fois, l'argument de la différence des sexes revient au premier plan et il s'agit de se demander jusqu'à quel point elle peut être définie comme innée ou acquise, comme donnée ou construite.
La grande figure des études américaines dites "queer", Judith Butler, auteure d'un livre célèbre intitulé Trouble dans le genre (La Découverte), a l'habitude de dire que le sexe est toujours une donnée déjà "cuite" et jamais "crue". Elle est justement la première à expliquer que le genre est un rôle construit socialement et qui s'interprète en permanence, et à réfuter toute définition biologique ou naturaliste des identités.
Mais contre cette position "queer", d'autres auteurs insistent, comme vous le faites, sur l'irréductibilité d'une différence sexuelle qui ne saurait être entièrement ramenée à un simple rôle social. Ainsi, une anthropologue comme Françoise Héritier explique que la différence des sexes représente bien un "substrat anatomique" et un "alphabet universel", mais que toute la question est de savoir comment on est passé d'une différence des sexes originelle à une inégalité sociale et politique entre les genres. Au-delà de ce qu'elle nomme le "fantasme du naturel", il s'agit donc toujours d'aller chercher le social jusqu'au cœur du biologique, et d'envisager le donné de la différence des sexes comme une structure élémentaire que les hommes et les femmes ne doivent pas laisser dégénérer en inégalité.

Alba : Aujourd'hui, une chose ne semble pas changer : on propose des jouets pour les garçons et d'autres types de jouets pour les filles. Est-ce que cela ne conditionne pas l'enfant ?
bbb : Comment repenser l'éducation des enfants avec un effacement des différences sexuelles?



Jean Birnbaum : On en revient à la fameuse question de Simone de Beauvoir déjà citée. Ce qui me frappe aujourd'hui, c'est que ce type d'interrogations – pourquoi des Barbie roses pour les filles et des Big Jim kaki pour les garçons ? – refait surface de façon inédite aujourd'hui, le mouvement féministe étant passé par là.

J'ai pu le constater lors de récentes rencontres avec des lycéens au Mans, en vue de la préparation du forum. Alors que beaucoup de professeurs et membres de l'équipe du forum s'attendaient à rencontrer des élèves pour qui la différence des sexes était quelque chose d'inné et d'irréductible, finalement, ce qui s'est dégagé, c'est une large majorité d'interventions définissant les rôles sexués comme quelque chose de fondamentalement acquis. Du reste, l'exemple des jouets et de leur distribution dissymétrique et/ou inégalitaire a été plus d'une fois mis en avant par les élèves. Ces derniers faisant de la manipulation de tel ou tel jouet l'instrument privilégié d'une pédagogie des rôles sexués. De ce point de vue, on peut dire que, comme toujours dans ce domaine, les choses évoluent très lentement. En témoignent d'ailleurs les protestations récurrentes des jeunes féministes d'aujourd'hui, indignées par la façon dont les publicitaires perpétuent préjugés et pseudo-évidences dans les esprits des jeunes filles et des jeunes garçons.
Al72 : Quelle était l'origine sociale des lycéens du Mans que vous avez interrogés ? L'origine sociale joue-t-elle un rôle dans notre façon de percevoir les différences sexuelles ?
Jean Birnbaum : Justement, votre question rejoint l'étonnement qui a été celui des organisateurs du forum. Nous arrivions avec nos propres préjugés, et nous pensions que les élèves les plus sceptiques quant à la différence des sexes et à son caractère "naturel" seraient plutôt ceux des classes préparatoires et des filières dites d'excellence. Or il n'en a rien été. Nous avons aussi rencontré des élèves de filières dites techniques qui n'étaient pas moins critiques et vigilants quant à la définition anatomique ou naturaliste d'une différence des sexes supposée universelle ou éternelle. D'ailleurs, on peut repérer dans les productions culturelles de masse, notamment à la télévision, les traces du grand travail de déconstruction qui a été opéré depuis une trentaine d'années sur ces sujets : de ce point de vue, la série de téléréalité diffusée sur M6 et intitulée "Queer, cinq experts dans le vent" a fait événement. Nous avons eu un débat sur cette série avec les élèves, qui nous a montré à quel point la remise en question des normes sexuelles et des évidences naturalisées est désormais largement partagée. Faut-il s'en réjouir ou s'en inquiéter ? C'est l'une des questions qui sera posée aux intervenants du forum Le Monde-Le Mans.
Alpha : Quels sont les vecteurs, selon vous, de cette prise de conscience de la part des jeunes de la construction des rôles sexués ? Les films, la publicité... ?
Jean Birnbaum : Un peu tout ça à la fois. J'aurais du mal à trancher. Ce qui est frappant, c'est à quel point les débats du féminisme des années 1960, loin d'être remisés dans le placard des archaïsmes, sont plus que jamais d'actualité, même quand ils sont formulés de façon non militante et sans horizon politique particulier. Ainsi, lors d'une de ces rencontres, une lycéenne a posé une question à mes yeux fondamentale et qui nous a donné bien du fil à retordre : "Est-ce que la simple formulation de la question posée par le forum n'est pas en tant que telle une prise de parti féministe ? Est-ce que le seul fait de demander : 'Femmes-hommes, quelle différence ?' ne représente pas déjà une option militante ?" Or il est vrai que, la différence des sexes faisant partie de ces évidences toujours convoquées, de ces piliers du discours public, toujours mobilisés et jamais interrogés, le simple fait de se demander : "cette différence des sexes, qui passe pour naturelle, donnée, acquise, évidente, qu'est-ce que c'est au juste ?", a quelque chose de dérangeant, voire de subversif. D'ailleurs, il a fallu expliquer à plusieurs reprises que la question posée n'était pas l'égalité des sexes ou la place de la femme dans la société, mais bel et bien celle de la différence entre les genres : si le seul fait d'interroger ce phénomène apparaît comme une prise de parti féministe, c'est bien que le partage convenu entre les valeurs ou les identités féminines et masculines représente une grille de lecture qui doit faire question.
Al72 : Les jeunes que vous citez semblent avoir une posture ambiguë : intégrant à la fois le féminisme et le rejetant comme militantisme. Comment concilier les deux attitudes dans la vie de tous les jours ?
Jean Birnbaum : C'est une question à la fois très importante et très difficile, qui me fait penser à ce slogan des féministes des années 1960 qui lançaient à leurs camarades hommes de Mai 68 : "Prolétaires de tous les pays, qui lave vos chaussettes ?" De fait, la contradiction entre un discours féministe volontariste, et même parfois jusqu'au-boutiste d'un côté, et un comportement toujours misogyne de l'autre, est une expérience qu'ont vécue et que vivent souvent beaucoup de militants hommes se réclamant de la libération des femmes. Pour donner un exemple fameux, pensons seulement à la figure célèbre du sociologue disparu Pierre Bourdieu, auteur d'un très beau livre intitulé La Domination masculine (Seuil), qui a dû affronter les critiques de nombreuses théoriciennes féministes qui lui reprochaient non seulement de ne pas citer suffisamment leurs travaux, mais encore d'adopter, dans son comportement, dans son vocabulaire et dans ce qu'il appelait lui-même son "habitus", des réflexes qui n'allaient pas toujours dans le sens de l'émancipation des femmes.
000 : Au vu de certaines émissions de télévision, comme "Ce soir (ou jamais)", il semble que la dénaturalisation des sexes ne soit plus une affirmation subversive, mais plutôt une affirmation infiniment "tendance"...
Jean Birnbaum : Je pense qu'il est encore trop tôt pour juger. D'un côté, à la télévision, on constate effectivement que les profils "queer" ou "trans", qui viennent miner l'ordre sexuel et les normes sociales sont de plus en plus utilisés, voire manipulés comme un produit d'appel. Mais de l'autre, on peut constater la tendance strictement inverse : si l'on étudie de près l'émission phare du service public qu'a été pendant huit ans le show de Thierry Ardisson sur France 2 ("Tout le monde en parle"), force est de constater que la perpétuation des préjugés les plus misogynes y était menée de façon volontariste : sur le plateau de Thierry Ardisson, les femmes, qu'elles soient célèbres ou anonymes, ne pouvaient envisager d'autre rôle que celui de la poupée qui bat des cils et qui encaisse sans broncher le feu roulant des blagues sexistes et des propos de bistrot.
Chat modéré par Mathilde Gérard

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MessageSujet: Re: Femmes-hommes : où est passée la différence des sexes ?   Femmes-hommes : où est passée la différence des sexes ? EmptySam 17 Nov - 17:22

Excellent article !
Merci Misfit
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Misfit Cat
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MessageSujet: Re: Femmes-hommes : où est passée la différence des sexes ?   Femmes-hommes : où est passée la différence des sexes ? EmptySam 17 Nov - 18:39

My pleasure. clin d'oeil
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